À partir de 2016, avec le lancement du satellite IceSat 2, la biomasse
mondiale stockée dans les forêts pourra être estimée rapidement et par
une seule méthode. De quoi mettre fin à quelques casse-têtes
scientifiques liés au manque de standardisation des informations
actuelles. Les résultats permis par le laser du Glas d’IceSat 1 sont en effet prometteurs.
Les forêts fixent sans cesse du carbone
atmosphérique. Pour mieux comprendre le rôle joué par ces réservoirs,
mais aussi pour anticiper l’impact que pourrait par exemple avoir des déforestations sur le réchauffement climatique, il faudrait idéalement connaître la biomasse contenue dans toutes les zones boisées du globe. Mais comment faire ?
Certains pays ne possèdent en effet aucune information sur leurs ressources forestières.
Un autre problème peut apparaître dans le cas contraire. Les données
disponibles pour des zones géographiques précises ont souvent été
obtenues par des méthodes de calcul ou de mesure non standardisées, chaque contrée étant libre d’appliquer les protocoles de son choix. Il est donc difficile de réaliser des comparaisons ou de tirer des conclusions fiables.
Sean Healey de l’US Forest Service et
ses collaborateurs pourraient avoir trouvé la solution idéale pour
s’affranchir de ces problèmes : n’utiliser qu’un seul appareil de mesure
et qu’une seule méthode de calcul pour l’ensemble de la planète ! Pas
besoin non plus de visiter chaque pays, les informations requises seront
prises depuis l’espace. Elles ont d’ailleurs déjà été partiellement récoltées.
Le satellite IceSat (pour Ice, Cloud, and land Elevation Satellite) a été placé sur une orbite
quasiment circulaire à 600 km d’altitude. Il a notamment été utilisé
pour mesurer l’épaisseur de la couche de glace au Groenland et en Antarctique grâce au Glas, le seul instrument embarqué à bord. © Nasa
La biomasse mondiale mesurée par laser
Le satellite IceSat fut lancé le 12 janvier 2003 avec à son bord un altimètre spatial de type Lidar, le Geoscience Laser Altimeter System ou Glas. Cet outil, qui n’est plus en activité depuis février 2010, a utilisé des « tirs lasers » pour caractériser des couvertures végétales sur la planète, réaliser des mesures topographiques ou définir les altitudes auxquelles évoluent les nuages et les aérosols.
Or, plusieurs propriétés des ondes reçues après avoir été réfléchies
sur le sol dépendraient de l’importance de la biomasse rencontrée.
Les chercheurs ont donc développé un modèle permettant d’obtenir les mesures souhaitées grâce aux données Lidar
récoltées par le Glas. Les zones étudiées sont aléatoirement divisées
en surfaces de tailles égales, mais de formes différentes, ayant chacune
fait l’objet de 560 tirs en moyenne. Les propriétés de l’un de ces tirs
pris au hasard sont ensuite analysées puis interprétées par le logiciel. Après avoir répété ces opérations pour chaque unité géographique aléatoire, le modèle peut fournir la valeur de la biomasse pour la zone étudiée.
La biomasse de la Californie
a été calculée durant des tests préliminaires, cette valeur ayant déjà
été définie depuis le sol avec une grande précision. L’objectif était
donc de comparer les résultats issus des deux approches. Aucune
différence significative n’a été trouvée entre les valeurs fournies,
soit environ 211 mégagrammes de carbone par hectare selon l’article
publié dans la revue Carbon Balance and Management.
Cependant, il n’est pas encore possible de définir la biomasse mondiale
des forêts. IceSat n’a en effet pas couvert tous les territoires de la
planète avant de s’éteindre. De nouvelles données seront obtenues à
partir de 2016 à la suite du lancement d’IceSat 2. Cette méthode
standardisée, déjà validée par la FAO et par des scientifiques du Nasa Carbon Monitoring System pilot project, permettra alors de réaliser des mesures globales de biomasse sur des échelles spatiales et temporelles inégalées à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire